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Article n°1 : La thermorégulation.

Dernière mise à jour : 19 déc. 2019

L'été s'en est allé, à présent place à l'automne.


Cette saison est sans nul doute ma préférée : les feuilles tombent, la nature devient flamboyante, le cerf brame, les animaux sauvages prennent des forces pour l'hiver à venir, les poils d'ours de nos chevaux apparaissent, les températures baissent... Quoi? Vous avez bien dit abaissement des températures?



Et oui, l'automne c'est aussi ça et cela ne passe pas inaperçu, les réseaux sociaux deviennent un somptueux débat sur le port ou le non port de la couverture de nos compagnons équins.

Cela me tenait donc à coeur de vous en dire plus au sujet de la thermorégulation de nos chevaux, sur leurs moyens d'adaptation et sur l'aide que l'on peut leur apporter face aux froides températures.


Pendant des milliers d'années, les chevaux sauvages se sont répandus sur toute notre planète, affrontant des changements de températures (parfois très importants), de saison, des déchainements d'éléments naturels (pluie, vent, orages, soleil)... ce qui ne les a pas empêché de survivre et d'être toujours bien présent aujourd'hui ; tout cela grâce à des mécanismes divers de thermorégulation : comportementaux, physiologiques et anatomiques, tous très efficaces. Ainsi, et il en est de même pour nos chevaux domestiques, nous pouvons constater que lorsque les conditions de vie de ces derniers sont respectées, ils peuvent survivre à n'importe quels aléas climatiques auxquels la nature les expose.


Attardons-nous sur ces différents mécanismes de thermorégulation. Croyez-moi, la nature est très bien faite, si si vous allez voir !


1. Le poil.


L'isolation des poils dépend de leur densité et de leur longueur. Mais également de la vitesse du vent, de la température et du taux d'humidité présents dans ceux-ci.

Ainsi, en hiver, le poil sera beaucoup plus dense et plus long, contrairement à l'été, où le poil sera moins dense et court. Ce phénomène se nomme le photopériodisme (plus couramment appelé la mue).


Remarque : la pousse des poils dépend également d'autres facteurs tels que la nourriture, la race des chevaux...


Outre la capacité à faire pousser du poil, le cheval peut également augmenter l'isolation de son corps grâce à un mécanisme particulier : la piloérection.

Ce mécanisme permet au poil de se lever, s'abaisser et tourner dans différentes directions grâce aux muscles érecteurs des poils permettant l'augmentation ou la diminution de l'épaisseur de l'isolation. Ce phénomène permet d'augmenter de 10 à 30% le manteau de poils !

Cependant, pour se faire, les muscles érecteurs des poils doivent pouvoir s'entrainer et se muscler, tout comme n'importe quel autre muscle du corps.


Par ailleurs, les poils sont recouverts d'une substance graisseuse empêchant l'eau de pénétrer à l'intérieur de ces derniers et donc empêchant à la peau d'être mouillée. Éviter donc de trop panser vos compagnons l'hiver car le brossage enlève cette substance graisseuse rendant le poil perméable à l'eau et à l'humidité.


Remarque : Lors de la tonte d'un cheval, la capacité de thermorégulation du poil est très affaiblie. Ce dernier étant le facteur le plus important de ce mécanisme. D'autre part, la couverture empêche au poil de réaliser ses divers mouvements cités au-dessus affaiblissant le muscle érecteur lui correspondant.





2. La peau.


Elle travaille comme couche isolante d'échanges thermiques du fait de son épaisseur.

Elle est également composée de glandes, appelées glandes sudoripares, qui sécrètent cette fameuse substance graisseuse permettant aux poils une excellente imperméabilité. Ces glandes ont un rôle thermorégulateur très important, notamment pour réguler la chaleur mais nous y reviendrons dans un prochain article !

3. Les artères de la peau.


Sous l'action des muscles, les artères peuvent se rétrécir ou se dilater régulant le flux sanguin, notamment dans la peau. On parle de vasoconstriction (rétrécissement des artères) et de vasodilatation (dilatation des artères).

La vasoconstriction empêche la chaleur interne de s'échapper en réduisant l'afflux de sang chaud apporté à la surface froide du corps. A contrario, la dilatation permet, en cas de hausse de température interne, à une plus grande quantité de sang d'être refroidie la surface du corps.


4. La graisse.


Elle est l'un des facteurs les plus importants de la thermorégulation puisqu'en plus de constituer la réserve d'énergie du corps, la graisse est 3x plus isolante que les autres tissus du fait de sa faible conduction thermique et de sa faible irrigation sanguine (Guyton, 1992). Il est donc important que nos compagnons disposent d'une bonne couche de graisse avant l'hiver (ça vaut aussi pour les humains, vive la raclette !).


5. Les muscles.


On ne cessera pas de le dire : Le mouvement, c'est la vie !

Les muscles sont les principaux organes responsables de la thermogenèse (production de la chaleur). En effet, lors d'un déplacement, seuls 20 à 25% de l’énergie dépensée par les muscles sont convertis en travail mécanique, alors que les 75 à 80% restants sont dissipés sous forme de chaleur.


Remarque : il a été constaté, malgré tout, une réduction de l'activité locomotrice en Hiver par rapport à l'Été chez des chevaux sauvages (Duncan, 1980.). C'est un rythme saisonnier normal, le cheval ayant besoin de réduire au maximum ses dépenses énergétiques pour conserver une chaleur corporelle adaptée.


Dans des circonstances extrêmes ou lors de soucis de santé, la chaleur peut être générée par les tremblements. La chaleur se produit, ainsi, rapidement par le biais de mécanismes biologiques.

Le tremblement est généralement une réaction extrême à une soudaine exposition au froid ou se produit parfois pendant de longues périodes d’exposition au froid par temps pluvieux. Chez les chevaux en bonne santé, le tremblement est normalement remplacé par la production naturelle de chaleur interne puisqu’ils s’adaptent aux nouvelles conditions climatiques.


6. Le comportement.


Par jour de vent ou de pluie, on peut voir des chevaux immobiles avec la queue face au vent et la tête basse. Ne vous en faites pas, ils ne sont pas en pleine dépression ! En effet, de cette manière, ils protègent efficacement leur encolure, leurs oreilles, leur tête et leurs yeux.

En changeant également la position du corps ou son orientation, les chevaux peuvent augmenter l’accumulation de rayons solaires pour avoir une source de chaleur supplémentaire. C'est pourquoi, lors des courtes journées d'hiver, vous aurez plus tendance à voir vos chevaux couchés la journée profitant de la chaleur que le soleil leur apporte.

D'autre part, en cas de fortes chutes de neige, nos chevaux peuvent présenter une énorme couche de neige sur leur dos, nous ne sommes pas de mauvais propriétaires pour autant, bien au contraire, ce manteau de neige présente un avantage supplémentaire pour eux : il isole encore un peu plus en fournissant une couche supplémentaire contre la perte de chaleur interne. C'est pas beau ça?

Vous pourrez également voir vos chevaux très proches les uns des autres, par ce moyen ils réduisent la perte de chaleur par radiation en réduisant la surface du corps exposée à l'environnement extérieur. Les copains, c'est quand même bien !


7. La nourriture.


Votre cheval mange plus en Hiver? C'est normal.

L’augmentation de prise de nourriture augmente la production de chaleur dans le corps du cheval. Ceci est dû au fait que la digestion de fibres longues (foin) produit de la chaleur.

Il est donc indispensable que tout cheval domestique dispose de foin à volonté par temps froid et plus particulièrement lorsque tous les mécanismes ne sont pas encore adaptés, lors de brusques changements climatiques (chute de températures brutale) par exemple.



La couverture, on en parle ?


Pour en revenir aux couvertures, leur port doit être, pour moi, étudié au cas par cas. Prenons un exemple très simple, celui de mes chevaux :


- Far-West, 4 ans et demi, Paint x Cocktail de prairie, se porte très bien, n'a aucune couverture l'hiver car il ne présente aucun mal-être ni besoin face aux températures négatives ou mauvais temps.

- Germinal, 36 ans, PRE, amaigri, dispose d'une couverture l'hiver. En effet, il vit très mal le mauvais temps et se met à trembler très facilement. Ne voulant pas qu'il puise trop dans son énergie et dans ses réserves, il est couvert dès qu'il en montre le besoin. Cependant, lors des journées de grand soleil, nous lui retirons sa couverture afin que le poil s'aère d'une part, et d'autre part qu'il exerce son rôle initial de protection contre le froid. Il ne faudrait pas qu'il deviennent feignant !


Comme vous pouvez le constater, chaque cheval est différent et vous êtes pour moi la personne la mieux placée pour savoir ce dont votre compagnon a besoin ou non. Ayez confiance en vous, et soyez à l'écoute de votre cheval. Lui seul saura vous indiquer la marche à suivre, vous ne croyez pas?

En conclusion, le cheval dispose d'énormément de moyens physiologiques pour se protéger des intempéries et du froid. À nous de veiller à ce que ce mécanisme de thermorégulation soit le plus fonctionnel possible, notamment en permettant à nos compagnons de disposer de foin à volonté, d'un abri artificiel (abri) et/ou naturel (bois), d'une pierre à sel, d'un bon bouchonnage à la fin d'une séance de travail (ou mise d'une séchante), et de suffisamment d'espace pour qu'il puisse se mouvoir à sa guise.


Quelques conseils :


Afin que la mue se passe au mieux et que votre cheval puisse garder ou prendre de l'état, vous pouvez ajouter dans le foin ou la ration de votre cheval, un filet d'huile de lin ou même complémenter avec des graines de lin. Cette dernière redonnera vitalité et soyeux au poil (et bien d'autres choses).


Le mash tiède, même s'il n'a que peu d'impact de par sa ponctualité, lui apportera également du confort, le réchauffera temporairement, et, surtout, lui fera très plaisir !


Un complexe alimentaire sur-mesure et en fonction des besoins de votre compagnon peut aussi très bien être proposé à la suite d'une séance de Naturopathie pour stimuler les défenses immunitaires et donner un petit coup de fouet à l'organisme pour affronter cette période. N'hésitez pas à me contacter :) !


À la sortie du box, on privilégiera une longue détente au pas afin que le corps de votre cheval s'adapte à la température extérieure, et afin que votre compagnon se mette en route tranquillement et que ses muscles s 'échauffent doucement.


À la suite d'une séance, lorsque le cheval rentre au box encore transpirant (au sein d'une écurie), son refroidissement va prendre plus de temps à cause d'une moins bonne circulation de l'air (espace clos), la transpiration sera donc plus longue. N'hésitez, donc, pas à bouchonner un maximum votre compagnon avec de la paille !


Quelques remarques :


- Gardés au box pendant une longue période, les chevaux manquent de stimuli déclenchant les mécanismes de thermorégulation (cités ci-dessus : atrophie des muscles érecteurs du poils, absence de vasoconstriction/dilatation, inactivation des glandes sudoripares...). Attention donc lors de leur sortie en extérieur, la température interne peut chuter brutalement pouvant être à l'origine de stress, de nervosité et/ou de désordres métaboliques. Le froid, ça pique !

- Vous vous en serez doutés, mais la couverture provoque également des troubles de la thermorégulation. Le cheval tente de réchauffer les parties du corps laissées exposées au froid, telles que la tête, l’encolure, le ventre et les jambes. Par ce processus, il réchauffe également la partie du corps couverte. Tout le corps se réchauffe alors et la partie couverte peut donc devenir trop chaude et être responsable d'une sudation sous la couverture. C'est pourquoi, il est très important de faire aérer le poil régulièrement, et de passer la main sous la couverture de votre compagnon aussi souvent que possible pour évaluer la chaleur corporelle de ce dernier.


Disclamer : Aucun jugement n'a été apporté au sein de cet article.

Prenez bien soin de vous et de vos compagnons.

Hélène.



Sources :

Natalija Aleksandrova : Thermorégulation chez les chevaux par temps froids.

Thèse vétérinaire : Développment des troubles métaboliques chez les chevaux d'endurance.


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